Nicolas Sarkozy et son homologue tchadien Idriss Deby Itno, le 4 novembre 2007 à l'aéroport de N'Djamena
AFP/Archives - Issouf Sanogo
Le président Nicolas Sarkozy a reçu mercredi à l'Elysée six organisations de défense des droits de l'Homme avant sa visite dans l'après-midi au Tchad, pour faire un point de la situation des deux opposants tchadiens portés disparus,le député fédéraliste Ngarlejy Yorongar et le porte-parole de la principale coalition de l'opposition Ibni Oumar Mahamat Saleh, a-t-on appris auprès de l'Elysée
Le ministre tchadien des Affaires étrangères, Ahmad Allam-Mi, a assuré mardi soir à New York que M. Yorongar, porté disparu depuis le début du mois, était à N'Djamena et qu'il devait s'y exprimer mercredi. Son entourage, qui assure qu'il a été arrêté par l'armée tchadienne, a vigoureusement démenti mercredi à l'AFP les informations du ministre.
Le chef de l'Etat devrait être accompagné tout au long de son voyage par son épouse Carla Bruni-Sarkozy, a-t-on appris de source informée. Toutefois, selon le porte-parole de l'Elysée, David Martinon, "rien n'est arrêté" à ce propos.
La visite au Tchad prend place un peu plus de trois semaines après une attaque de trois groupes rebelles, armés et soutenus par Khartoum, contre le pouvoir d'Idriss Deby, à qui la France avait apporté son soutien indirect mais décisif.
Le président français Nicolas Sarkozy et son épouse le 23 février 2008 à l"Elysée
AFP/Archives - Eric Feferberg
Selon une source diplomatique à Paris, M. Sarkozy a "hésité" avant de se rendre au Tchad, mais "ne pas y aller aurait signifié laisser aller ce pays à vau-l'eau".Toujours selon cette source, l'objectif du président est double: demander la relance du dialogue politique intertchadien, en vue d'élections démocratiques, obtenir de N'Djamena la mise en place d'une commission d'enquête sur la disparition de deux opposants au régime, depuis début février, lors de l'attaque des rebelles.
Trois opposants politiques tchadiens avaient disparu au début du mois à N'Djamena, leurs entourages affirmant qu'ils avaient été arrêtés par l'armée du président Idriss Déby Itno.
A N'Djamena, M. Sarkozy devrait également demander à Idriss Deby la grâce des six membres de l'Arche de Zoë, condamnés en décembre 2007 au Tchad à 8 ans de travaux forcés pour tentative d'enlèvement de 103 enfants supposés être des orphelins du Darfour. Le 28 décembre, ils avaient été tranférés en France pour y purger leur peine. On précise toutefois de source diplomatique que les demandes de grâce n'entrent "pas dans les objectifs du voyage". Paris ne souhaite "pas mélanger ces demandes" avec les autres buts de la visite, ajoute-t-on.
Outre ses aspects diplomatique et humanitaire, la visite de M. Sarkozy est également importante sur le plan militaire, alors que se met progressivement en place la force européenne, l'Eufor, dans l'est du Tchad et le nord-est de la Centrafrique.
Principalement voulue par Paris, l'Eufor est censée protéger les 250.000 réfugiés du Darfour chassés par la guerre civile qui sévit dans leur région. La force européenne, qui espère commencer à être opérationnelle à la mi-mars, disposera à terme de quelque 3.700 soldats, dont 2.100 français.
Selon M. Martinon, le chef de l'Etat dînera mercredi avec les soldats français basés à N'Djamena avant de partir pour l'Afrique du Sud, sa première visite dans un pays africain anglophone. De source diplomatique, on explique que l'Afrique du Sud, première puissance économique africaine, est "un partenaire qui s'impose" à la France "si on veut avoir une politique sérieuse en Afrique".
Un contrat pour une centrale à charbon devrait être signé, portant sur 1,4 milliard d'euros, ainsi que plusieurs accords, notamment dans le secteur de l'énergie, à un moment où le pays connaît une grave crise énergétique qui menace sa croissance.
Nicolas Sarkozy s'entretiendra notamment avec son homologue, Thabo Mbeki, qui avait été l'un des rares Africains à le féliciter pour son "discours de Dakar" du 26 juillet 2007, très critiqué sur le continent africain.