Vaches charolaises le 11 mars 2007 au Salon international de l'agriculture à Paris
AFP/Archives - Mehdi Fedouach
Dans une cohue de médias et de visiteurs, le chef de l'Etat a été accueilli par le ministre de l'Agriculture Michel Barnier et le secrétaire général de la FNSEA Jean-Michel Lemetayer.
Il a commencé à déambuler entre les stands et devait prononcer ensuite une allocution portant notamment sur l'ambition agricole de la France à la veille de la présidence française de l'Union européenne.
Deuxième puissance agroalimentaire mondiale, la France dispose, comme va le prouver le salon de l'agriculture de Paris, de nombreux atouts grâce à ses céréales et ses vignobles, mais ses éleveurs craignent une nouvelle réforme de la PAC et un accord à l'OMC.
"Les échéances fixées par l'OMC (Organisation mondiale du commerce) ont au moins le mérite d'obliger la France à se réveiller. Et à trancher (car) la question qui se pose aujourd'hui peut se résumer ainsi: la France doit-elle rester une grande puissance agricole?", se demande Christian Pèes dans son livre "l'arme alimentaire, les clés de l'indépendance" (Editions Le Cherche Midi).
Pourtant de nombreux clignotants sont revenus au "vert". L'excédent de la balance commerciale agroalimentaire s'est élevé en 2007 à 9,1 milliards d'euros, dont 2 milliards pour les produits agricoles bruts, soit le meilleur résultat depuis 2000, grâce principalement au champagne, aux vins, au cognac et aux céréales.
Le revenu des agriculteurs a progressé fortement en 2007 (+12%), notamment celui des céréaliers qui a quasiment doublé (+98%). Mais les éleveurs de bovins, de porcs et d'ovins, victimes des hausses des prix de l'alimentation animale et dont une partie des troupeaux est affectée par la fièvre catarrhale ovine (FCO), ont subi de fortes baisses.
Preuve de l'optimiste dans l'avenir : les immatriculations de tracteurs agricoles neufs ont augmenté de 7,6% en 2007 après deux années de baisse.
Mais des nuages noirs s'accumulent à l'horizon. Sur les 347.000 agriculteurs à temps plein --545.000 au total avec de nombreux retraités et des salariés trouvant là un petit revenu complémentaire-- que compte encore la France, un quart est âgé d'au moins 55 ans et devrait prendre sa retraite dans les 10 ans, selon Thierry Pouch, responsable du service éconmique de l'APCA (Assemblée permanente des chambres d'agriculture).
Or, la relève tarde à s'opérer. Sur les 16.000 personnes qui deviennent chaque année agriculteurs, seulement 6.000, sur les 10.000 âgés de moins de 40 ans, bénéficient d'aides pour s'installer.
Une gerbe dans un champ après la moisson le 22 septembre 2007 à Innenheim, dans l'est de la France
AFP/Archives - Olivier Morin
Aussi le ministre de l'Agriculture Michel Barnier vient-il d'annoncer une réforme du dispositif d'aide à l'installation des jeunes destiné à ce que 4.000 jeunes de plus par an puissent bénéficier de ces aides et de prêts bonifiés.
Mais c'est la menace d'un accord à l'OMC où l'Union européenne accepterait de baisser le niveau des barrières douanières agricoles qui angoisse le plus nombre des paysans. Il s'agit notamment des éleveurs et des producteurs de fruits et légumes, qui ne pourraient plus être compétitifs face aux pays émergents, notamment du Brésil.
M. Pèes, président du groupe coopératif Euralis, relève ce paradoxe: la France, située dans un pays tempéré favorable à une production variée, n'a toujours pas fait de choix de se spécialiser sur ses points forts, "coincée entre les ultralibéraux qui prônent la suppression des aides et les altermondialistes partisans d'une vision aussi bucolique que régressive".
La division en deux de la France agricole, et ses difficultés à faire des choix, s'exprime plus particulièrement dans le dossier des organismes génétiquement modifiés (OGM).
Le gouvernement français a interdit début février pour 2008 la culture du seul maïs cultivé en France, celui de l'américain Monsanto, mais cela n'empêchera pas les personnes tenant le stand de "Passion Céréales" au salon de l'Agriculture de vanter cette nouvelle technique de culture auprès des visiteurs qui les interrogeront sur le sujet.