Christine Ockrent, le 12 octobre 2007 à Deauville
AFP/archives - Mychèle Daniau
Des journalistes devant travailler sous son autorité ont évoqué les risques, selon eux, pour la "crédibilité" et "l'indépendance" de la future holding France Monde, mais Mme Ockrent, soutenue par le chef de l'Etat Nicolas Sarkozy, a rejeté ces critiques comme étant sexistes.
Mme Ockrent, 63 ans, doit être nommée directrice générale de France Monde, a annoncé mercredi la présidence française.
Cette holding regroupera Radio France Internationale (RFI), la chaîne de télévision francophone TV5Monde et la chaîne d'informations internationales en continu France 24 créée il y a un an avec l'ambition d'être une "CNN à la française".
Le patron de France 24, Alain de Pouzilhac, présidera cette holding dans le cadre d'une réorganisation voulue par M. Sarkozy pour "muscler" la présence médiatique française et francophone à l'étranger.
Le choix de Mme Ockrent "pose un gros problème d'image et de crédibilité", a jugé Alain Girard, du SNJ, premier syndicat de journalistes en France. Pour la Société des journalistes de RFI, une telle nomination porte atteinte à la "crédibilité" et à "l'indépendance" de leur radio.
Christine Ockrent s'est montrée jeudi exaspérée par ces mises en cause: "le fait d'être périodiquement ramenée à ce statut de +femme de+ en niant son identité, ses compétences, son parcours professionnel, franchement, je trouve ça injuste et humiliant", a-t-elle déclaré.
Elle a fait remarquer que France Monde dépendra des services du Premier ministre et non du ministère des Affaires étrangères que dirige son compagnon.
Mme Ockrent, d'origine belge, a mis en avant sa longue expérience qui lui a valu le titre de "Reine Christine" quand elle présentait le journal télévisé du soir dans les années 1980. Elle a fondé sa réputation sur son style "à l'américaine" après avoir travaillé de 1968 à 1976 pour la chaîne américaine CBS News.
Mais après l'entrée au gouvernement l'an dernier de M. Kouchner, ancien "French Doctor" venu du parti socialiste, des syndicats de France 3 --la chaîne publique sur laquelle Mme Ockrent présente un magazine politique-- avaient mis en cause sa "proximité politique" avec le pouvoir.
Placées un peu dans le même cas de figure, des femmes journalistes vedettes ont récemment dû se mettre temporairement en retrait, comme la présentatrice Béatrice Schönberg, mariée à un ministre, Jean-Louis Borloo.
Mme Ockrent a expliqué que partager la vie d'un responsable politique ne l'empêchait pas de garder son "indépendance d'esprit".
La journaliste a aussi subi des critiques sur ses revenus: la presse a évoqué le chiffre de 120.000 euros par an, reçus pour une courte chronique hebdomadaire qu'elle fournit à France 24, et ses "ménages", ces prestations de stars des médias qui monnayent leur image pour animer des événements.
Pour le quotidien de gauche Libération, "nul ne peut contester les qualités professionnelles" de Mme Ockrent, mais sa nomination "maladroite et mal venue" va renforcer le sentiment chez les Français d'une "connivence profonde entre les dirigeants des médias et le pouvoir politique, entre les journalistes et les puissants
